Olympia et Terentia au Temple

Comme tous les dimanches Olympia se trouvait dans le temple. Elle rendait hommage à Diane, elle priait. Olympia admirait sa statue préférée quand le cadran solaire indiqua midi. Elle décida de rester plus longtemps que prévu au temple même si elle savait qu’elle allait s’attirer la fureur de son père.
Elle lisait quand quelqu’un  s’approcha d’elle.

Terentia s’approcha d’Olympia. Elle portait son habituelle robe bleue et blanche. Elle paraissait inquiète.
-Votre père veut vous voir, mademoiselle, lui annonça tristement Terentia.
Celle-ci comprit qu’Olympia voulait plus de détails qu’une simple phrase. Terentia soupira et s’adressa à Olympia :
- A propos de vous. Suivez-moi je vous prie.
Terentia vit dans les yeux d’Olympia que celle-ci était fortement inquiète. Elle la guida à travers les étroites rues de Rome, quand Terentia s’arrêta : elle était perdue. Ensemble elles rebroussèrent chemin jusqu’au temple. Terentia avait dans les yeux une lueur de désespoir, c’était la première fois qu’elle n’arrivait pas à retrouver son chemin, elle était exténuée par la fatigue du travail sans doute. Des cernes gigantesques marquaient son visage délicat qui était désormais plus pâle que d’habitude. Terentia s’assit sur une des marches du temple, ses jambes se dérobèrent aussitôt sous elle. Elle s’endormit. Elle se réveilla une heure plus tard. Elle tourna la tête pour regarder où elle était, alors tout lui revint : le temple, la sensation d’être perdue… Olympia ! Terentia se retourna brusquement... Ouf ! Olympia était là, l’observant d’un œil suspicieux.

Olympia trouva étrange que Terentia  ne retrouve pas son chemin, elle l’avait emprunté tant de fois ! Terentia  lui expliqua qu’elle était très fatiguée d’où le malaise. Olympia, rassurée, alla se promener près des jardins du temple pour cueillir des fleurs. Elle décida de mélanger de la vanille et de l’iris. Une fois son parfum terminé, elle alla retrouver Terentia. Sa servante était sur les marches du temple. C’est à ce moment-là qu’elle vit son père arriver, il était en colère. Il dit à sa fille:
-Olympia, tu es encore au temple ! J’ai envoyé ta servante pour qu’elle te ramène... mais elle a encore cédé à tes caprices.
- Mais… Père, Terentia ne retrouve plus son chemin, dit Olympia désespérée.

-Il n’y a pas de mais ! Puisque c’est ainsi, tu restes ici! Et le père partit en marchant d’un pas ferme et rapide. Terentia vit que sa maîtresse la regardait, la servante détourna la tête, honteuse . Tout était sa faute. Olympia se sentait certainement abandonnée de tous. Elle était seule, ou presque. Terentia s’approcha de sa maîtresse, ça devait être dur pour elle, elle devrait mendier pour manger, dormir dehors. Non! Terentia regarda Olympia. Elle aperçut une larme discrète couler sur sa joue. Très discrète même, mais elle l’avait aperçue. C’était la première fois que son père était aussi agressif avec elle. Auparavant, il ne lui avait jamais parlé comme ça. Il avait beaucoup changé. Terentia l’avait déjà vu en train de piocher dans les placards de la cuisine. Il fallait qu’Olympia retourne chez elle, elle ne devait pas mendier, elle ne devait pas dormir dehors. Terentia avait une idée. Il y avait une servante, plutôt vieille qui lui devait encore un service . En effet, le jour où elle l’avait sauvée quand Olympia avait mangé le gâteau d’anniversaire de son père. Terentia lui avait expliqué que c’était le chat qui avait grimpé dans le placard et avait tout mangé. Terentia pourrait raconter ce qui c’était passé pour qu’elle essaye de la loger chez quelqu’un, la vieille servante avaient des amies parmi les blanchisseuses du coin. Elle pourrait certainement leur demander de loger Olympia, juste le temps que son père se calme. Terentia devait expliquer son plan à sa maîtresse.
- Mademoiselle, j’ai un plan pour dormir au chaud et manger correctement, le temps qu’il faudra, annonça très mystérieusement Terentia avec un éclair de malice dans les yeux.

Olympia regarda très bizarrement Terentia. Elle ne comprenait pas comment elle pourrait aller autre part que chez son père. Terentia lui expliqua qu’elle avait une amie qui n’était pas loin mais...D’un coup elle se souvint qu’elle était morte il y a peu de temps. Olympia n’avait plus d’autre choix que de rester là. Le temple était fermé et c’était le début de l’après-midi. Olympia n’avait même pas mangé et commençait à avoir faim. Il pleuvait. Elles se promenaient autour du temple tout en cherchant une solution quand elles découvrirent un abri abandonné. Elles y entrèrent et virent une cheminée en assez bon état, elles se réchauffèrent au coin du feu. Elles s’assoupirent, prises par la fatigue et la faim pendant au moins une demi-heure. Olympia se réveilla, sortit et vit qu’il ne pleuvait plus. Elle décida de laisser sa servante dormir et d’aller faire un tour dehors. Elle sentit ce parfum de fleurs aussi doux que bon. Olympia vit Terentia sortir du temple.
-Oh, vous êtes réveillée,Terentia ? dit Olympia.

-Oui, je viens de me réveiller. J’ai faim, vous aussi à mon avis. Nous devrions essayer de trouver de quoi manger avant de nous écrouler de faim! répondit-elle d’un air encore endormi.
Terentia se releva et chancela, elle dormait presque debout. Elle sortit de leur petite cabane délabrée et invita Olympia à en faire de même. Sur le seuil, Terentia vit un domestique courir en agitant les bras d’un air affolé. Terentia alla à sa rencontre. Quelques minutes plus tard, elle revint vers Olympia, blanche comme un linge. Terentia entra dans la cabane et éclata en sanglots. Elle expliqua à sa jeune maîtresse que son père était enfermé dans sa demeure, il ne pouvait plus sortir car, la porte était fermée à clé et on avait retrouvé le cadavre d’une domestique. C’était Tullia, on ne savait pas comment elle était morte. On accusait le père d’Olympia.
Celle-ci resta muette et vira du rose au blanc glace, elle était choquée,son père se dévoilait maintenant comme un criminel, un assassin. Terentia ordonna au domestique d’essayer de voir ce qui se passait chez le père d’Olympia et de lui rapporter les nouvelles au plus vite. Pendant ce temps, Terentia garderait Olympia pour essayer de la réconforter. Quelques minutes plus tard, Olympia entendit des cris et vit un panache de fumée sortir et s’élever vers le ciel, les domestiques arrivèrent en courant. Il hurlaient mais les cris poussés par les villageois couvraient leur voix. Soudain, un grand bruit interrompit les domestiques dans leur course, ils se retournèrent. Ils crièrent d’horreur : d’immenses flammes avaient jailli et montaient vers le ciel. Les domestiques redoublèrent de vitesse, puis entrèrent dans la cabane avec une telle violence que Terentia trébucha.
- C’est la demeure du père d’Olympia, chuchota un domestique, si bas que seule Terentia l’entendit, en tendant l’oreille. Olympia n’écoutait pas, elle était occupée à observer le petit scarabée qui montait sur la fougère traversant un des murs délabré de l’abri.
-C’est votre père, mademoiselle, il est enfermé dans votre maison, il y a un incendie, il est peut-être mort, annonça tristement Terentia à Olympia, haussant le ton de la voix, pour qu’elle l’entende suffisamment.

Olympia devient blanche comme un drap.
-Vous êtes sûr de ce que vous dites, murmura Olympia. Olympia vit Terentia acquiescer de la tête, Olympia ne savait pas quoi faire. Elle paniqua, regarda Terentia et entendit un bruit. Elle vit énormément de fumée apparaître. Que faire? Courir pour ne pas brûler ou aller rejoindre son père et son frère. Terentia ne pipait mot.
-Terentia, que faisons nous? demanda Olympia.
Terentia ne sut que dire, en fait elle ne l’écoutait pas. Olympia était vraiment subjuguée par l’incendie. Elle ne comprenait pas comment cela s’était produit. Il devait y avoir des morts, il fallait se sauver le plus vite possible car l’incendie se propageait à une vitesse incroyable. Elle vit une charrette et sauta dedans.
-Terentia viens vite! cria Olympia.
Elle vit Terentia sauter elle aussi dans la charrette,
Olympia fit avancer la charrette;
-Vite fuyons! dit Olympia

-Mais il faut absolument sauver votre père! Il est peut-être encore en vie, cria Terentia, il faut se diriger vers la ville! Olympia acquiesça, elle était d’accord. Terentia s’imaginait déjà courant à travers les braises, contournant le Palatin, pour se diriger vers la maison du père d’Olympia. Terentia ressentit une secousse, la charrette se mit à bouger, le sol aussi, un nuage de cendres s’éleva dans le ciel, il fallait se dépêcher, il fallait également savoir au plus vite d’où venait cet incendie. Terentia regarda autour d’elle, elle aperçu un magnifique cheval, il semblait puissant, assez pour tirer leur charrette. Terentia sauta de la charrette, attrapa l’étalon par la corde attachée autour de son cou et le tira jusqu’à leur véhicule. Quelques minutes plus tard, Olympia et sa servante arrivèrent sur le flanc du Palatin, celui où se trouvait la maison du père d’Olympia: des cris d’horreur jaillissaient de partout, le spectacle était horrible, des hommes et des femmes tombaient par terre, les enfants pleuraient, d’immenses flammes éclairaient le ciel noir parsemé d’étoiles, une ruée de personnes s’échappaient vers le Forum. Terentia et Olympia descendirent de la charrette. Elles se mirent à courir malgré la fumée, malgré les personnes les bousculant, elles continuèrent de marcher, dans l’espoir de retrouver le père d’Olympia. La jeune maîtresse et sa servante aperçurent le cirque Maximus, ou ce qu’il en restait: des cendres, des flammes, quelques pierres et gradins encore debout, la fumée, , des cadavres, bref! Tout ce qui leur fallait pour se mettre à hurler. Terentia essaya d’entraîner sa maîtresse vers une maison délabrée, celle de son père. De toute sa vie, Terentia n’avait jamais vu rien de tel. Elle restait ébahie, devant les flammes grimpant à toute allure vers le ciel noir qui les engloutissait en petite partie. Soudain, une gigantesque poutre tomba et barra le passage entre Terentia et Olympia. Terentia voyait vaguement la silhouette de sa maîtresse, puis, plus rien.
- Olympia, où es-tu? hurla Terentia, elle entendit un cri.

Olympia vit la maison de son père s'effondrer sous ses yeux, elle n ‘avait pu se retenir de crier. Sous le choc elle avait reculé et était tombée dans une charrette tiré par un cheval. Celui-ci, effrayé par les flammes, se mit à galoper à toute vitesse. Puis, Olympia sentit que la charrette ralentissait. Elle se leva et vit qu’ils étaient au bord d’un lac. La jeune fille se sentit mal car son père adoptif était mort et Terentia n’était plus là. Elle se sentit seule.
-Pourquoi Terentia n’est-elle pas là? se dit tristement Olympia.

- Je suis là! hurla une voix, derrière la colline. Olympia fixa la colline, et aperçut une femme aux cheveux chatains vêtue d’ une robe blanche et bleue. Elle reconnut Terentia, elle sauta de joie et se mit à courir. Elle pleurait de joie. Terentia, émue, expliqua à Olympia qu’elle n’était pas seule. elle pointa du doigt un homme qui boitait et faisait de grands signaux avec les bras… le père de sa maîtresse! Il riait et pleurait à la fois. Soudain, une détonation retentit dans leur dos, ils se retournèrent et virent un nuage de cendres s’élever dans le ciel. Les étoiles disparurent, comme si l’incendie leur faisait peur. Il n’y avait plus aucune lumière qui pouvait les éclairer dans cette nuit sans lune, mis à part la lueur des flammes au loin.
- Nous n’avons plus d’abri mais, au moins, nous sommes sains et saufs, chuchota Terentia à Olympia, d’une voix rêveuse.